Nous sommes toujours à l'ancre à Salluit. Depuis ma petite excursion, quelques jours ont passé. Le déchargement va bon train, mais Salluit est l'un des gros villages, nous avons beaucoup de cargaison pour eux, il nous reste encore deux ou trois jours d'ouvrage.
Notre rythme de vie suit celui de la marée... Nous chargeons les barges dès qu'elles arrivent le long du bateau. L'équipe qui travail à terre en profite pour dormir, puis reparte à la prochaine marée haute. Pour décharger, les barges sont pousser par les petits remorqueurs le plus loin possible sur le banc de sable. Lorsque la mer se retire, les barges sont échouées sur la plage et accessible au fork-lift (chariot élévateur). Tout le monde se démène alors pour décharger avant que la mer ne remonte. Un cycle complet est d'une durée d'environ 12 heures, et on a pas le temps de chômer. De jour ou de nuit, tout est toujours en mouvement.
Cette journée particulière avait fini pour moi d'une drôle de façon. Depuis quelques heures déjà, le vent était fort et le ciel très gris, mais n'avait aucun effet sur nous, vue la protection que nous apportait le fjord. La barge était à terre, la marée avait déjà commencé à se retirer quand le vent à changer. Il avait du changer peu à peu au-dessus de nos têtes, mais pour nous se fut soudain, comme s'il sortait d'une boîte à surprise. De aucun vent, nous sommes passés à un vent de plus de 45 noeuds (environ 80 km/hr). Et notre ancre ne tenait plus, nous avons commencé à draguer. Branle bas de combat, il faut remonter l'une des barges qui est sur notre bâbord et remonter l'ancre le plus vite possible pour trouver un endroit un peu plus à l'abri. Aussitôt dit, aussitôt fait, heureusement il n'y a pas suffisamment d'espace ici pour que les vagues deviennent d'une grosseur considérable, et nous trouvons un endroit dans un repli de falaise où nous pouvons relaxer, et hop, l'ancre à l'eau à nouveau.
Il est presque minuit, je remonte à la timonerie faire mon rapport et donne le quart à Louis, le deuxième maître. Maintenant, au dodo, le travail recommence pour moi à 6:00.
Surprise quand je me réveille, nous avons changé à nouveau d'ancrage. Le vent a forci, il est maintenant à 60 noeuds, avec des pointe à 75... Pas bon ça. Nous sommes plus haut dans le fjord, aussi au sud que la profondeur d'eau le permet et nous ne voyons plus Salluit. Les gars à terre nous ont donné des nouvelles par radio, ils se sont réfugiés dans l'école du village, les gens là-bas s'occupe d'eux.
Toute la matinée se passe à vérifier et à revérifier notre position. Nous faisons un ballet autour de notre ancre, un demi-cercle continuel. Vers 10:00, le vent se calme, mais cela ne dure pas, à 11:00 il reprend de plus belle.
Midi, la relève est enfin là. Dîner et sieste sont à mon horaire. Mais je n'ai pas le temps de me coucher que l'on cogne à ma porte, je dois remonter à la timonerie. L'un des remorqueurs est mal arrimé sur le pont, il faut que je prenne une équipe avec moi et fixe le problème. Puis puisque je suis là, remonter l'ancre pour repositionner le navire qui a changer de place depuis quelques heures.
Il est maintenant 17:00, pas le temps pour une sieste!!!!!!!!!!